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Logiciels d’analyse vidéo : la CNIL sanctionne les pratiques non conformes

Publié le 19 décembre 2024
logiciels d’analyse vidéo CNIL

L’utilisation croissante des technologies de surveillance avancées soulève des interrogations majeures sur l’équilibre entre sécurité publique et respect des libertés individuelles. Les logiciels d’analyse vidéo, tels que BriefCam, permettent d’analyser automatiquement des images capturées par des caméras de surveillance pour détecter des événements spécifiques ou identifier des individus. Si ces outils offrent des perspectives intéressantes pour la gestion de l’espace public et la sécurité, ils posent aussi de sérieux défis en matière de protection des données personnelles.

En France, leur usage est strictement encadré par la loi. Pourtant, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a récemment mis en demeure le ministère de l’Intérieur et plusieurs communes pour des manquements à la réglementation. Ces dispositifs, déployés sans respecter toutes les conditions légales, révèlent des lacunes dans la conformité des pratiques publiques. Mais au-delà des sanctions, cette situation soulève des questions plus larges : quels sont les risques réels de ces technologies ? Comment les encadrer efficacement ? Et quelles sont les alternatives éthiques et viables pour répondre aux besoins de sécurité ?


Logiciels d’analyse vidéo : quelles obligations selon la CNIL 

Un cadre juridique strict pour les technologies de surveillance

En France, les logiciels d’analyse vidéo, tels que « BriefCam », doivent respecter un cadre juridique strict. Leur utilisation en temps réel dans l’espace public est en principe interdite, sauf dans des contextes très spécifiques, comme les expérimentations liées aux Jeux Olympiques de 2024, ou pour des usages purement statistiques. En revanche, leur usage en différé, à partir d’images déjà enregistrées, est autorisé sous certaines conditions pour les besoins d’enquêtes judiciaires ou administratives.

Les contrôles de la CNIL sur les collectivités

La CNIL a mené des contrôles auprès du ministère de l’Intérieur et de plusieurs communes à la suite de révélations sur l’utilisation de BriefCam, un logiciel capable de réaliser des analyses avancées comme la reconnaissance faciale ou le suivi d’individus. Bien que ces dispositifs soient utiles pour des enquêtes ou la gestion de l’espace public, ils comportent des risques significatifs pour la vie privée. Les services concernés n’avaient pas, ou tardivement, transmis les engagements de conformité requis par la CNIL, ce qui a conduit à des mises en demeure.


Les enjeux éthiques et pratiques des caméras augmentées

Promesses et risques des logiciels avancés

Les caméras associées à des logiciels d’analyse vidéo posent plusieurs défis. D’un côté, elles promettent une gestion plus efficace de la sécurité publique, avec des fonctionnalités comme le comptage de personnes, l’identification d’objets abandonnés ou la reconnaissance de comportements inhabituels. D’un autre côté, leur utilisation soulève des risques de dérives, notamment en matière de surveillance de masse.

L’impact sur les libertés individuelles

Le recours à la reconnaissance faciale est particulièrement controversé. Si cette technologie peut être utile pour identifier des suspects dans des enquêtes criminelles, son usage à grande échelle dans l’espace public pourrait entraîner une restriction des libertés individuelles. La stigmatisation de certains groupes ou l’erreur d’identification sont également des risques notables.


Logiciels d’analyse vidéo : que fait la CNIL par rapport aux autres pays ?

Les approches européennes et américaines

La France n’est pas seule à débattre de l’utilisation des logiciels d’analyse vidéo. En Europe, le règlement général sur la protection des données (RGPD) impose des exigences similaires, mais certains pays, comme l’Allemagne, adoptent une approche encore plus restrictive. À l’inverse, aux États-Unis, l’usage des technologies de reconnaissance faciale est bien plus répandu, bien que certaines villes comme San Francisco aient interdit leur utilisation par la police. En Chine, ces outils sont déployés à grande échelle, notamment pour surveiller la population dans le cadre du système de crédit social, soulevant de graves préoccupations sur les atteintes aux droits humains.


Recommandations pour les collectivités et les citoyens

Conseils pour les collectivités

Pour les collectivités, la conformité aux règles légales est essentielle. Cela implique :

  • Une évaluation d’impact sur la vie privée avant le déploiement de tout dispositif.
  • Une analyse approfondie des fonctionnalités des logiciels pour s’assurer qu’elles ne dépassent pas le cadre autorisé.
  • Une consultation préalable de la CNIL pour obtenir des recommandations sur les conditions de mise en œuvre.
  • Des formations pour les agents utilisant ces technologies, afin de garantir un usage responsable.

Droits et outils à disposition des citoyens

Pour les citoyens, il est important de connaître leurs droits. La loi leur garantit :

  • Un droit à l’information sur les dispositifs installés dans leur environnement.
  • La possibilité de contester l’utilisation de leurs données personnelles ou de demander leur suppression, dans certains cas.
  • Une transparence totale sur la finalité des technologies déployées.

 

Vers des alternatives plus éthiques

Des solutions technologiques responsables

L’abandon progressif des logiciels basés sur des technologies intrusives, comme la reconnaissance faciale, pousse les entreprises à développer des alternatives. Par exemple, des systèmes d’analyse vidéo anonymisés, qui se concentrent uniquement sur des comportements ou des événements sans identifier les individus, pourraient répondre à une partie des besoins tout en limitant les atteintes à la vie privée.
D’autres solutions, comme le ciblage contextuel ou l’analyse uniquement locale des données (sans transfert à un serveur central), sont en développement et pourraient offrir un compromis entre sécurité et protection des libertés fondamentales.


Conclusion : construire un équilibre entre innovation et protection des droits

Résumé des enjeux soulevés, rôle de la CNIL, et vision d’un futur plus éthique pour les technologies de surveillance. La CNIL, par ses actions et recommandations, continue de jouer un rôle central dans cette dynamique, garantissant que les innovations ne se fassent jamais au détriment des droits fondamentaux des citoyens.

Consultez le site de la CNIL pour en savoir plus sur le sujet.

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