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L’intérêt légitime dans le RGPD : mises à jour du CEPD

Publié le 5 décembre 2024
L'intérêt légitime comme base légale dans le RGPD

Dans un monde où la collecte et le traitement des données personnelles occupent une place centrale dans l’économie numérique, l’individu se trouve confronté à des risques importants pour sa vie privée. De nombreuses organisations invoquent « l’intérêt légitime » comme base légale pour le traitement des données, conformément à l’article 6(1)(f) du RGPD. Cependant, cette notion, par sa flexibilité, a parfois donné lieu à des abus ou à des interprétations trop larges.

Face à ces dérives, le Comité Européen de la Protection des Données (CEPD) a adopté en octobre 2024 de nouvelles lignes directrices visant à renforcer l’encadrement de cette base légale. Ces directives traduisent une volonté de répondre aux défis des pratiques numériques actuelles et aux attentes croissantes des citoyens européens concernant la protection de leur vie privée.

Le CEPD clarifie les critères d’utilisation de l’intérêt légitime tout en mettant un accent particulier sur la transparence et la stricte application de ces règles.


Qu’est-ce que l’intérêt légitime dans le RGPD ?

L’intérêt légitime est l’une des six bases légales prévues par le RGPD permettant de traiter des données personnelles de manière licite. Contrairement au consentement ou à l’exécution d’un contrat, il autorise un responsable de traitement ou un tiers à traiter des données pour poursuivre un objectif légitime, sous réserve que cet intérêt ne soit pas surpassé par les droits et libertés des personnes concernées.

Parmi les exemples courants, on trouve :

  • La prévention des fraudes ;
  • La sécurité des systèmes informatiques ;
  • Certaines formes de marketing direct.

Les conditions renforcées pour utiliser l’intérêt légitime

Les nouvelles lignes directrices du CEPD reposent sur une méthode d’évaluation en trois étapes pour déterminer si l’intérêt légitime peut être utilisé comme base légale.

Démonstration d’un objectif légitime clair

Le responsable de traitement doit démontrer que l’objectif poursuivi est licite, précis et réel. Par exemple, protéger des biens ou prévenir des fraudes est considéré comme légitime. En revanche, un objectif hypothétique ou contraire à la réglementation européenne ne l’est pas.

Nécessité du traitement des données

Le traitement doit être strictement nécessaire pour atteindre l’objectif légitime. Si le même résultat peut être obtenu par des moyens moins intrusifs pour la vie privée, l’intérêt légitime ne peut être invoqué.

Équilibre entre les intérêts et les droits des individus

Une évaluation approfondie doit garantir que les droits et libertés des personnes ne sont pas compromis. Les attentes raisonnables des individus jouent un rôle important : par exemple, un client d’un service peut s’attendre à un traitement de ses données, tandis qu’un prospect non engagé ne doit pas être surpris par une utilisation inattendue de ses informations.


Les ajouts clés des lignes directrices de 2024

Clarification des pratiques sectorielles

Les directives insistent sur le fait qu’une pratique courante dans un secteur ne garantit pas sa conformité aux attentes des individus. Une analyse cas par cas est désormais obligatoire, avec une documentation précise des décisions prises.

Traitement des données sensibles sous l’intérêt légitime

Les données sensibles (santé, religion, etc.) nécessitent une attention particulière. Leur traitement sous l’intérêt légitime est strictement encadré pour prévenir des atteintes disproportionnées aux droits des individus.

Rôle des mesures d’atténuation dans l’évaluation

Les mesures comme l’anonymisation ou la limitation d’accès aux données peuvent être prises en compte dans l’évaluation de l’équilibre des intérêts. Cependant, elles doivent dépasser les obligations légales minimales pour être considérées comme valables.


Ce que ces nouvelles lignes directrices changent pour les entreprises

Documentation et transparence renforcées

Les entreprises doivent documenter méticuleusement les trois étapes d’évaluation avant d’invoquer l’intérêt légitime. Une documentation claire est essentielle pour répondre à d’éventuels contrôles ou plaintes.

Une opportunité pour renforcer la confiance des clients

En adoptant ces pratiques, les organisations non seulement se conforment à la loi, mais renforcent aussi la confiance des individus envers leurs services.


Une évolution vers une meilleure protection des droits

En actualisant ses lignes directrices sur l’intérêt légitime, le CEPD envoie un message fort : cette base légale sera désormais soumise à des critères stricts, favorisant un meilleur équilibre entre les droits des individus et les intérêts des entreprises.

Ces règles imposent des analyses rigoureuses, une documentation solide et des mesures d’atténuation renforcées. Cette harmonisation des pratiques à l’échelle européenne constitue une opportunité pour les organisations de gagner en transparence et en crédibilité tout en réduisant les risques juridiques.

En insistant sur la nécessité de protéger les droits individuels, le CEPD rappelle que dans une économie numérique en pleine expansion, la transparence et le respect de la vie privée restent des priorités absolues.


Consultez le CEPD pour en savoir plus sur le sujet.

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