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Meta face au RGPD : Sanction record et défis de conformité

Publié le 1 août 2024

Depuis l’entrée en vigueur du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) en mai 2018, Meta (anciennement Facebook) a été au cœur de nombreuses controverses liées à la protection des données personnelles. Le RGPD, conçu pour renforcer la protection des données des citoyens de l’Union Européenne (UE), impose des obligations strictes aux entreprises, y compris celles basées en dehors de l’UE. Meta, en tant que géant des réseaux sociaux, détient et traite des quantités massives de données personnelles, ce qui l’a placé sous une surveillance accrue des régulateurs européens.

Au cours des dernières années, Meta a fait face à plusieurs sanctions et enquêtes pour non-respect des règles du RGPD. En 2021, la société a été condamnée à une amende de 265 millions d’euros par la Commission irlandaise de protection des données (DPC) pour des violations liées à la transparence et au consentement des utilisateurs. Cette amende s’ajoute à une autre sanction de 1,2 milliard d’euros en 2023 pour des infractions similaires, notamment concernant les transferts de données entre l’UE et les États-Unis.

En dépit de ces sanctions, Meta continue de défier la réglementation européenne. Récemment, la société a annoncé son intention d’utiliser les messages et photos des utilisateurs pour entraîner ses algorithmes d’intelligence artificielle, sans obtenir le consentement explicite des utilisateurs. Cette annonce a suscité une vague de critiques de la part des défenseurs de la vie privée et des régulateurs. Meta a tenté de justifier cette collecte de données en invoquant l’intérêt légitime comme base légale, une stratégie déjà rejetée par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) dans des affaires antérieures concernant la publicité ciblée.

Face à cette nouvelle tentative de contourner le RGPD, l’organisation noyb (None of Your Business), dirigée par Max Schrems, a déposé 11 plaintes auprès des autorités de protection des données de plusieurs pays européens. Noyb soutient que l’utilisation de l’intérêt légitime par Meta pour traiter les données des utilisateurs sans leur consentement explicite est abusive et non conforme au RGPD. L’organisation appelle à une procédure d’urgence pour stopper ces pratiques avant leur mise en œuvre prévue en juin 2024.

Ainsi, la situation actuelle de Meta face au RGPD illustre les défis permanents de la protection des données à l’ère numérique et l’importance de la vigilance des régulateurs pour garantir la conformité des entreprises aux normes strictes de la réglementation européenne.


La sanction record contre Meta

En 2023, Meta a été condamnée à une amende record de 1,2 milliard d’euros par la Commission irlandaise de protection des données (DPC) pour des violations liées aux transferts de données entre l’UE et les États-Unis. Cette sanction a marqué un tournant dans l’application du RGPD, soulignant les conséquences sévères du non-respect de cette réglementation. La sanction a été imposée après une enquête approfondie sur la manière dont Meta gérait les données personnelles des utilisateurs européens et les transférait vers les États-Unis.


Comment le RGPD protège les données des Européens face à Meta

Le RGPD offre plusieurs mécanismes de protection des données personnelles, essentiels pour limiter les pratiques de collecte et d’utilisation des données par des entreprises comme Meta :

  • Consentement explicite : Le RGPD impose des règles strictes concernant le traitement des données personnelles, particulièrement lorsqu’il s’agit de projets d’entraînement d’intelligence artificielle (IA). Selon le RGPD, le consentement des utilisateurs, pour être licite, doit être libre, spécifique, éclairé et univoque avant toute collecte et traitement de leurs données personnelles reposant sur cette base légale. Cela signifie que les entreprises comme Meta doivent obtenir une autorisation spécifique et informée des utilisateurs avant d’utiliser leurs données pour entraîner des modèles d’IA.
  • Transparence : Les entreprises doivent informer les utilisateurs sur la manière dont leurs données sont collectées, utilisées, et partagées. Cela inclut la fourniture d’informations claires et accessibles dans une politique de confidentialité ou le partage avec des prestataires de leurs données personnelles par exemple.
  • Droit à l’oubli : Les utilisateurs ont le droit de demander la suppression de leurs données personnelles, offrant ainsi un contrôle significatif sur leurs informations.
  • Portabilité des données : Les utilisateurs peuvent recevoir leurs données personnelles dans un format structuré et transférer ces données à un autre fournisseur de services si nécessaire.


Les tentatives de Meta de contourner le RGPD

Meta a récemment annoncé son intention d’utiliser les messages et photos des utilisateurs de ses réseaux sociaux pour entraîner ses algorithmes d’intelligence artificielle. Cette annonce a suscité des inquiétudes majeures en matière de protection des données. En utilisant l’argument de l’intérêt légitime comme base légale, Meta tente de justifier cette collecte de données sans obtenir le consentement explicite des utilisateurs. Cette approche a été vivement critiquée car elle pourrait contourner les protections strictes prévues par le RGPD.


La réaction de NOYB

L’organisation de défense des droits numériques NOYB, fondée par l’avocat et activiste Max Schrems, a déposé 11 plaintes auprès des autorités de protection des données dans différents pays européens, arguant que l’utilisation de l’intérêt légitime par Meta pour traiter les données des utilisateurs sans consentement explicite est abusive et non conforme au RGPD. NOYB demande une procédure d’urgence pour stopper ces pratiques avant leur mise en œuvre prévue le 26 juin 2024.

Max Schrems a déclaré que la position de Meta selon laquelle elle pourrait utiliser les données des utilisateurs pour tout type d’intelligence artificielle sans consentement explicite est en contradiction directe avec les jugements antérieurs de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Noyb a également souligné que la tentative de Meta de faire porter la responsabilité aux utilisateurs en les obligeant à remplir un formulaire d’opposition est inacceptable et contraire à l’esprit du RGPD.


Conclusion

La sanction record contre Meta et les tentatives continues de l’entreprise de contourner le RGPD mettent en lumière les défis permanents de la protection des données à l’ère numérique. Le RGPD reste un outil essentiel pour protéger les données personnelles des Européens et garantir la transparence et la responsabilité des entreprises. Les actions menées par des organisations comme NOYB sont cruciales pour faire respecter ces règles et protéger les droits des utilisateurs.

À l’avenir, il sera important de surveiller comment les entreprises technologiques s’adaptent aux exigences du RGPD et comment les régulateurs continuent d’assurer la protection des données personnelles dans un paysage numérique en constante évolution. Les utilisateurs doivent rester vigilants et bien informés sur leurs droits pour garantir une utilisation sécurisée et éthique de leurs données personnelles.

Il est également crucial pour les utilisateurs de réseaux sociaux de comprendre l’impact potentiel de leurs publications sur leur vie privée. Tous les messages, photos ou informations partagés peuvent être réutilisés par Meta ou d’autres entités, surtout si le profil est en mode public. Réfléchir soigneusement à ce que l’on publie et paramétrer correctement ses options de confidentialité peuvent aider à protéger ses données personnelles. En étant conscients des risques et en adoptant des comportements prudents, les utilisateurs peuvent mieux protéger leur vie privée contre des utilisations non désirées ou malveillantes de leurs informations personnelles.


Sources : https://noyb.eu/en/preliminary-noyb-win-meta-stops-ai-plans-eu https://www.euronews.com/next/2024/06/06/meta-faces-complaints-in-11-countries-over-data-use-for-ai